Publié le 21 avril 2023

Par Yves Gaubert

Saisissant l’occasion d’une disponibilité professionnelle en septembre 1986, Patrick Schnepp a réuni autour de lui une petite équipe avec l’idée de créer un musée maritime à La Rochelle. La première action a été de militer pour la sauvegarde de la drague à vapeur de 1906 qui était toujours en activité. Cette drague à godets travaillait avec deux porteurs de déblais de 1931, le Saint-Marc et le Bout Blanc.

Pour donner un cadre à ce projet, Patrick créa deux associations, la TD6 (train de dragage n° 6) et l’association des Amis du Musée maritime de La Rochelle.

Une première exposition est montée dans la tour Saint Nicolas sur le thème de la lutte contre l’envasement à l’été 1987. En même temps, Patrick persuade Michel Crépeau, député-maire de la ville, de racheter le France 1, la régate météorologique qui n’est plus en service depuis 1985.

Une équipe de bénévoles aidée de jeunes en contrat aidé se constitue pour transformer la frégate en musée. Le 19 juin 1988, le France 1 arrive en remorque depuis La Pallice pour s’amarrer dans le bassin des chalutiers et le musée ouvre avec une exposition sur la météorologie et la vie à bord.

En 1989, le musée fait l’acquisition du remorqueur Saint-Gilles, construit en 1958 à La Pallice. En 1990, un journaliste nautique retrouve Joshua, le ketch de Bernard Moitessier sur la côte ouest des Etats Unis. Patrick trouve le financement pour acheter le voilier sur lequel le navigateur solitaire a effectué un tour du monde et demi sans escale. Grand écrivain de la mer, Bernard Moitessier retrouve son bateau à l’occasion du Grand Pavois de cette année-là.

1991 est riche en acquisitions pour le musée avec la vieille drague, le canot de sauvetage Capitaine de frégate Leverger, le chalutier classique en bois Manuel Joël et le chalutier pêche arrière en acier Angoumois.

Les uns après les autres, ces bateaux sont classés monuments historiques. En 1995, la pêche étant partie s’installer dans le nouveau port de Chef-de-Baie, le musée peut s’installer à terre dans la partie sud de l’encan. Ce premier musée à terre est une réussite avec un plan d’eau pour des maquettes navigantes, un couloir des vents, une exposition consacrée à la pêche, une galerie de peinture (marine), une salle de cinéma, une boutique-librairie. L’association des amis du musée est accueillie dans l’ancien bureau de poste de l’encan.

En 1998, le musée qui était associatif change de statut pour devenir un établissement public industriel et commercial (EPIC), puis en 2001 une établissement public administratif (EPA), enfin en 2008 un service municipal.

En 2005, des travaux de consolidation de l’encan sont nécessaires. La partie à terre ferme et le musée se concentre sur ses bateaux.

La municipalité a un projet très ambitieux avec une grande salle le long du quai, d’autres consacrées à l’évolution du climat, à l’histoire maritime de La Rochelle et à la pêche. Mais il débouche sur une magnifique coquille vide et l’équipe chargée de la muséographie se délite. Le projet est repris par l’architecte Patrick Bouchain en 2011 pour aboutir à la galerie des pavillons installée sous les structures colorées que nous connaissons aujourd’hui.

Le chantier prend du retard et en 2014 les élections municipales mettent une nouvelle équipe aux commandes, dirigée par Jean-François Fountaine. Celle-ci décide de réduire sérieusement la voilure. Exit la tour prévue près du slipway, exit le chantier visitable pour la petite plaisance. La salle bord à quai est reprise par La Rochelle Evénements. L’exposition permanente est installée dans la galerie des pavillons. Le grand hall de ce qui devait être l’entrée du musée devient salle d’exposition temporaire avec la salle noire contigüe et sert pour des réceptions. Le contrat de Patrick Schnepp n’est pas renouvelé. La saga du créateur du musée se termine là.

C’est une nouvelle page qui s’ouvre. Nathalie Fiquet, directrice adjointe prend la direction. De nouvelles expositions temporaires sont créées comme celle sur l’armement Delmas-Vieljeux et actuellement Océan-Climat.

Pour être complet, il faut ajouter que Patrick, passionné par les voiliers du patrimoine, a créé en 1992, la Coupe de Deux Phares entre Douarnenez et La Rochelle, en liaison avec l’accueil des yachts classiques par le musée. Cette démarche a abouti en 2005 à la création du Yacht Club Classique avec François Frey et une équipe de plaisanciers.

Pendant toute cette histoire, l’association des amis du musée maritime a été présente en soutien au musée tout en menant sa vie propre avec tous les ateliers que nous connaissons, les navigations de Joshua, la restauration de Damien, le voilier de Jérôme Poncet et Gérard Janichon, et la création de la collection des voiliers de la petite plaisance.

Malade, Patrick nous a quitté en 2018 laissant à la ville un des plus beaux musées maritimes et toute une dynamique autour du patrimoine maritime qui continue à vivre aujourd’hui.


Depuis 2023, une nouvelle directrice du musée, Cristina Baron, a pris le relai. Une nouvelle page est en train de s’écrire aux côtés de l’association des Amis. Voir l’article qui lui est consacré.