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Joshua a fait rêver beaucoup de générations. Et des Amis ont désormais la chance de naviguer sur Joshua en tant que chef de bord ou second ou tout simplement équipier. L’occasion, parfois , de prendre la plume pour notre plaisir.

Joshua à Vannes

Pour le déconfinement :

À l’approche de l’été
Quel plaisir de poser ses pieds
D’un pas léger sur le sable mouillé
Longer une ligne de plage
Et tourner la page
Écrire quelques mots d’amour
Effacés au petit jour
Le temps que passe la lune
Au loin d’une volée de dunes
Mouette passante vers un chemin
Dessiné de vagues échevelées
Contrées lointaines hors paysages
Tout au bout de l’image
Comme un enfant sage
Dessinant sur sa page
Une fleur de mer salée
Pétales de liberté


À Jojo, en confinement

Merci à tous ceux que j’ai croisés à ton bord, ceux qui m’ont permis de le faire,
Ceux qui l’ont permis jusqu’à aujourd’hui, ceux qui le permettront demain,
Ceux qui dans leurs cœurs et leurs passions font vivre ton histoire.

Après quelques tours du monde en solo,
Tu reçois beaucoup de monde sur ton dos.
Que de plaisir et de joie
Pour nous de te voir encore là.
Beaucoup d’ailleurs ne pensent pas
Que tu sois le vrai Joshua.
À travers toi j’ai trouvé
Beaucoup de passionnés.
Je ne m’attendais pas vraiment
À voir autant de gens.
À la vue de leurs yeux brillants,
Ils m’ont transmis leurs sentiments,
Leurs larmes et leurs pleurs
M’ont étonné et m’ont rempli le cœur,
Leurs souvenirs, leurs rêves et leurs passions,
Ont déclenché en moi de nombreuses émotions.
Continue à transmettre ton histoire,
Qui m’apprend beaucoup de savoir,
Qui me permet d’éviter de futurs déboires,
Et qui me donne de l’espoir.
Ma formation à ton bord
M’a permis d’être chef de bord
Et s’il te plaît continue ta vocation
De participer à nos émotions et à notre éducation.


Car il s’agit de cela, d’une rencontre avec un être vivant. Compagnon d’un fameux navigateur ayant fasciné toute une génération d’amoureux de la mer et des bateaux.

Il n’est pas simple d’accompagner l’un de ces amoureux !

Il en parle comme un amant, il connaît son histoire, même les anecdotes, à vrai dire, il les recherche, curieux de percevoir les moindres aspects de l’objet de sa passion, il va à la rencontre des témoins, et des écrits le concernant. On se retrouve face à une liaison brûlante qui a même fait venir Simon de l’Île de la Réunion, jeune capitaine qui rêvait de Moitessier et de son Joshua. Il n’est pas le seul, Patrick, notre second, lui dédie une grande partie de sa vie, ce couple d’allemands ou ce jeune garçon intimidé qui se déchausse respectueusement avant de monter à bord, incarnent cette relation passionnée.

Je n’imaginais pas en embarquant sur ce bateau à coque rouge et à l’œil grand ouvert sur l’horizon, que j’entrerais dans le corps d’une légende entre mythe et phantasmes. Car tout cela évoque à la fois la liberté, des histoires incroyables et des voyages à l’autre bout du monde vers les îles aux sables blancs et aux eaux transparentes.

J’ai eu le sentiment d’un privilège, et que quelque part, ma méconnaissance risquait d’être une offense dans ce lieu en forme de sanctuaire. (Même si je m’étais documenté sommairement et que nous étions allés au Bono, quelques jours plus tôt découvrir le lieu où Moitessier réside désormais : une tombe sous un palmier ornée d’objets insolites dans un coin de la Bretagne).

Un embarquement comme sur n’importe quel bateau : point sécurité, bagages, avitaillement classique, ou presque, car Aïcha, une passagère pas ordinaire ayant apporté de Paris un couscous et quantités de gourmandises pour réjouir l’équipage, car ce bateau représente aussi l’amour et la générosité.

Son concepteur, Bernard Moitessier, fut défenseur de la nature et de la mer, un solitaire également amoureux des femmes. Un être particulier perçu comme un penseur, insoumis, presque apatride, expérimentateur, ayant une conception originale de la vie, du protocole et des honneurs. Un écrivain également dont les périples retracés dans ses quatre principaux ouvrages mettent aussi en lumière les questionnements d’une âme tourmentée qui fascinent par la simplicité et l’authenticité de son auteur.

Un être de chair dans un bateau en métal, carapace qu’il a voulu solide, un compagnon qui l’a hébergé de nombreuses années.

Passer la nuit dans le cœur de Joshua est quelque chose d’également particulier, un confort brut voire minimaliste, nous avons affaire à un bateau de voyage juste résistant, véloce avec ses quatre voiles et ce malgré son poids. Pas de fioritures ni marqueteries luxueuses, simplicité « on va à l’essentiel » à l’image de son propriétaire, pour qui manger ou se doucher était simplement accessoire (il s’est nourri, dans les périodes les plus chiches de sa vie, d’aliments destinés aux animaux !).

Ce bateau lui servait de véhicule mais également de moyen pour transporter des matériaux : il a tout de même ramené des chats à son bord pour lutter contre les rats qui infestaient les plantations de copra à Tahiti, de la terre et des plantes !

Au terme de ces deux jours à bord, je rentre avec le sentiment d’avoir approché quelque chose d’étonnant, je ne sais encore que peu de choses mais je rentre à Paris avec une meilleure compréhension de mon amoureux et de sa liaison particulière avec Joshua.

A bientôt les Amis du Musée maritime et bravo à vous tous.