Publié le 2 octobre 2024

J’avais repéré ce Sharpie 9m² dès mon arrivée à l’atelier de la petite plaisance. Il était en mauvais état, mais c’était un précieux témoin des constructions de la Seconde Guerre mondiale.

Sa précédente restauration datait de 1985 et sa dernière navigation remontait au trophée d’août 2019 au cours duquel il avait sombré sous les pieds d’une vieille gloire rochelaise. Un rapport Drac de mai 2023 résumait l’état de conservation en peu de mots : mauvais état de conservation ; inapte à la navigation !

L’état général du bateau était effectivement assez médiocre : deux fentes dans le bordé, une sur chaque bord, une pièce d’étrave plutôt mal arrimée et surtout très fuyarde, des listons pourris à l’étrave, une varangue arrière gercée profondément, des joints de pont craquelés, des trous un peu partout dans les pièces de hiloire et de cockpit, des traces de vernis, une peinture écaillée et en passe de quitter le bord, de nombreuses pièces d’accastillage en acier très largement rouillées et contaminant le bois des espars.

Au travail !

Philippe et Bertand à l’ouvrage

Philippe Écotière et moi-même constituons une équipe à la mi-novembre 2023 et en avant ! Dix mois et 360 heures plus tard, le Sharpie brille comme un sou neuf. Tout l’acier rouillé – axes, boulons, écrous, aiguillot – a été déposé et remplacé par de l’inox, les haubans et l’étai piqués de rouille et généreusement garnis de « gendarmes » sont changés, les pièces en laiton sont décapées à la main, jusqu’au magnifique croissant de bôme certainement d’origine. Les trous et autres fissures sont bouchés : lattes de bois massif ajustées aux fentes dans le bordé, enduit ailleurs ; pièce d’étrave vissée et coutures calfatées. De la pointe de la dérive à la tête du mât, tout a été décapé, puis repeint ou vernis. Une attention toute particulière a été portée à l’aspect de surface de la coque et des fonds : l’enduisage a été soigné, car la couleur blanche révèle très bien le moindre défaut. Une écoute neuve et un vrai palan de relevage de la dérive ont marqué le point final de ce chantier.

Voilà, nous sommes fiers du résultat. Il ne reste plus qu’à le faire naviguer, parce que comme disait un vieux marin-pêcheur dans ma Bretagne natale, parlant de l’océan : « l’eau c’est fait pour naviguer ; y en a qui en usent pour se laver, on dit même qu’il y en aurait qui en boivent ».

La restauration en photos